Mieux comprendre les troubles alimentaires pour un rétablissement optimal
Au Canada, environ un million de personnes rencontrent critères de diagnostic des différents types de troubles alimentaires. Même si ce chiffre semble élevé, il pourrait l’être encore plus, car de nombreuses personnes souffrant d’un trouble alimentaire ne sont jamais diagnostiquées ni traitées. En fait, aux États-Unis, seulement une personne sur dix souffrant d’un trouble alimentaire reçoit un traitement.
Ce constat est d’autant plus alarmant car les troubles alimentaires présentent le taux de mortalité le plus élevé de toutes les maladies mentales. Il est donc essentiel sensibiliser les gens à propos de cette maladie.
La voix intérieure
En effet, un trouble alimentaire est une maladie ! Nombreux sont ceux qui pensent simplement que la personne souffrant d’un trouble alimentaire est difficile parce qu’elle ne mange pas assez (dans le cas de l’anorexie) ou qu’elle manque de volonté pour arrêter de manger (pour les personnes souffrant de boulimie ou d’hyperphagie boulimique).
Cependant, un trouble alimentaire est beaucoup plus complexe que cela. Les personnes souffrant d’un trouble de l’alimentation entendent une voix dans leur tête qui leur répète :
« Elles sont grosses et répugnantes ».
« Elles seront plus belles si elles perdent du poids ».
« Elles ne devraient pas manger de glucides car cela fait grossir ».
« Elles ne valent rien si elles ne font pas d’exercice ! »
Cette voix contrôllante est comme un intimidateur et est présente en permanence chez les personnes souffrant de troubles alimentaires. Par exemple, même lorsque la personne se trouve avec des amis et sa famille lors d’un dîner, cette voix intérieure lui dira qu’elle ne devrait pas manger une panoplie d’aliments car ils font grossir. La voix du troubles alimentaire peut même être présente lorsque la personne essaie de se détendre ; la voix lui dira qu’elle est paresseuse et qu’elle devrait plutôt faire de l’exercice.
Lorsque les pensées liées aux troubles alimentaires sont constamment présentes dans la tête d’une personne, il devient très difficile de les chasser. Par conséquent, ces pensées conduisent à des comportements malsains tels que la privation, l’exercice excessif, la purge, la frénésie alimentaire et d’autres méthodes compensatoires pour contrôler le poids.
Le pire, c’est que l’intimidateur intérieur fait croire à la personne qui en souffre qu’il est un ami, qu’elle doit croire la voix, ce qui la rend ambivalente à l’égard du rétablissement, même si elle est consciente des effets néfastes de la voix des troubles alimentaires.
Alors comment surmonter cette voix ?
La première étape consiste à reconnaître ce tyran intérieur et à savoir à quel point ce dialogue négatif est nuisible à la santé physique et mentale de la personne qui en souffre. En identifiant cette voix intérieure, la personne souffrant d’un trouble de l’alimentation sera mieux à même de remettre en question les distorsions cognitives concernant la nourriture, l’exercice physique et l’image corporelle. Il peut être bénéfique d’encourager les personnes souffrant de troubles alimentaires à parler de ce que disent ces voix et de les aider à réaliser que ces pensées sont inexactes et nuisibles.
Pour l’entourage de la personne qui souffre de troubles de l’alimentation, les choses qu’elle dit peuvent sembler très irrationnelles, mais pour la personne qui en souffre, elles sont sensées et rationnelles. Il est donc important de ne pas minimiser ou invalider ce que ressent la personne qui souffre. Par exemple, au lieu de dire des phrases simplistes comme : « Tu as juste besoin de manger plus ! », vous pouvez dire « Je comprends que la voix du trouble alimentaire te dit de ne pas manger, mais faire cela serait néfaste pour ta santé. Quels aliments peux-tu manger qui ne te rendent pas trop anxieux ? ».
Il pourrait être utile, dans le cadre du rétablissement, d’encourager la personne qui en souffre à extérioriser cette voix intérieure et à s’en distancier. La personne qui souffre peut se dire : « Ce n’est pas moi qui parle, c’est le trouble alimentaire qui parle. »
Se remettre d’un trouble alimentaire peut être un long processus et il n’est certainement pas linéaire ; il y a des bons et des mauvais jours. Mais cela fait partie du processus et il est important d’y aller un jour à la fois.
Les personnes souffrant d’un trouble du comportement alimentaire comme l’anorexie et la boulimie, ont un meilleur pronostic de guérison à court et à long terme si elles bénéficient d’interventions thérapeutiques au début de la maladie. Il est donc essentiel de demander l’aide d’une équipe multidisciplinaire spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire (médecin, psychologue et nutritionniste) dès que possible si vous soupçonnez que vous ou une personne de votre entourage souffre d’un trouble alimentaire.